allShapeCombined Shape CopyCombined ShapePage 1Group 11GroupPage 1ShapeFill 5Page-1Group 26linkedinPage 1 Copy 2ShapeShapeShapeplayFichier 1Fill 3

Taureau

Cèdre
360 x 700 x 150 cm
1984

Début décembre 1962, Maurice Béjart – génial chorégraphe d’avant-garde à l’Opéra National – fit danser les Ballets du XXe siècle sur le thème à la recherche de Don Juan. Francis André construisit pour l’une des  séquences de la 1ère nuit de l’oratorio-ballet, un taureau spectaculaire. Autour de l’animal et avec lui, les deux protagonistes exécutaient une danse paroxystique, sur fond de course automobile vrombissante, dont le bruit était renforcé par le rythme des percussions de F. Schieren. Maria Casarès et Tania Bari allaient inscrire des figures à l’intensité émotionnelle croissante entre les cornes de l’animal, tout à la fois menaçant et séducteur. Francis André avait créé là un dispositif scénique à part entière. Béjart en exploita les exceptionnelles capacités expressives.

En 1971, Francis André visite le domaine universitaire du Sart-Tilman en compagnie d’un ami, Claude Strebelle, architecte-coordonnateur de l’Université de Liège. Séduit par le site, il propose que les Défense de  deviennent des épouvantails, conçoit de petits moulins que le vent rendrait musicaux, des hamacs et autres clins d’oeil au promeneur. Un certain taureau, existant à l’état de maquette – qui sera offerte à l’architecte liégeois -, au passé avant-gardiste fut sorti de l’atelier de la Monnaie. Francis André l’agrandit, donne les gabarits des traverses: son taureau deviendrait sculpture de plein air.

“Nous proposons que le taureau  soit placé dans l’axe exact de la salle à manger Ouest du restaurant, mais parallèlement à l’axe médian formé par celui du restaurant et le cheminement piétonnier Est-Ouest; tête côté restaurant, queue côté pavillon d’accueil. Transversalement, il doit se trouver sur la crête de la butte, c’est-à-dire le plus haut possible…” (Atelier d’architecture du Sart-Tilman, nov. 1982).

Le taureau fut donc reconstruit, à l’emplacement dit, aux dimensions que nous lui connaissons.

La présence de l’animal est puissante. Les traverses de bois en délimitent et identifient la forme; entre elles, le vide. L’assemblage occupe pleinement l’espace. Cela n’est pas sans rappeler les sculptures constructivistes, où  le vide limité se déploye en volume.

Marie-Caroline Florani


Brèves / 24 septembre 2019 : le Taureau a retrouvé ses cornes !

Francis André

Mons, 2 juillet 1906 – Bruxelles, 29 avril 1972

Ecrivain, journaliste, peintre, dessinateur, sculpteur, décorateur, costumier, inventeur et marin, Francis André est un artiste totalement atypique

Après des études secondaires à l’Athénée de Mons, Francis André s’inscrit à la Faculté de Droit de l’Université Libre de Bruxelles. Il abandonne ses études et s’engage en 1927 comme cadet dans la marine marchande.

L’œuvre de Francis André est multiforme : il dessine dès son plus jeune âge. Il adopte dès ses débuts un style graphique qu’il va conserver avec une constance remarquable durant toute sa vie. Albert Dasnoy écrit à ce propos : « Il trouve d’emblée un mode d’expression original, marqué par le style de l’époque, mais néanmoins très personnel et reconnaissable, à la fois caricatural, satirique et onirique. Il y restera fidèle toute sa vie en faisant preuve d’une remarquable continuité, aussi bien dans la technique, qui utilise toutes les ressources du noir et blanc, que dans l’inspiration, qui se caractérise par une vision pessimiste, sarcastique et ironique du monde, une invention mécanique burlesque, mais aussi une aspiration au grand large, à l’évasion et à une inaccessible liberté qui donne à son œuvre une sorte de souffle épique » (Nouvelle Biographie Nationale, volume 9, 2007).

En 1936, Francis André, qui avait auparavant collaboré comme journaliste à plusieurs publications, crée sa propre revue Le Sous-Marin à Voiles, organe indépendant de la navigation dolente et de la petite chanson trouble du contentement maritime. La revue est tirée à trente-cinq exemplaires et sortira quarante-deux numéros.

À partir de 1958, il collabore avec Maurice Huisman, qui l’engage comme décorateur et costumier au Théâtre Royal de la Monnaie à Bruxelles. Il participe à de nombreuses mises en scène, notamment avec Maurice Béjart.

Dans les années 1960, il travaille également avec le sculpteur Olivier Strebelle, à la réalisation de sculptures animées, et avec le frère de ce dernier, Claude Strebelle, architecte coordinateur de la construction du Campus de l’Université de Liège au Sart Tilman. Le taureau que Francis André avait conçu pour le spectacle de Maurice Béjart A la recherche de Don Juan, est ainsi réalisé en format monumental et installé dans la collection du Musée en plein air du Sart Tilman.