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Actualités

Aurélie Belair – Prix de la Jeune Sculpture 2020

Aurélie Belair
expose au Musée en plein air du Sart Tilman (ULiège)

23.03.20 – 10.05.20 (2020)

« Tel est en nous le travail du discours. Et cette difficulté s’exprime ainsi : le mot silence est encore un bruit, parler est en soi-même imaginer connaître, et pour ne plus connaître il faudrait ne plus parler. » (Georges Bataille, L’expérience intérieure, 1943, Editions Gallimard, 2009, p. 25).

L’ensemble de mes recherches se concentre sur ce qui environne l’acte de création. Situer ce qui est en marge c’est quelque part tracer ou nommer ce qui entre communément dans le « territoire artistique ». Si le mot territoire remporte notre suffrage c’est qu’au même titre que le territoire animal, il est le lieu des processus. La série picturale du Bestiaire (2020), en cours de réalisation, rapproche les langages non verbaux : de l’artiste à l’animal. N’étant ni tout à fait peintre, ni tout à fait sculpteur ou vidéaste, les matériaux que j’emprunte sont l’organe des gestes. Ils mutent infiniment, étant tour à tour outils et sujets, signes et sens, objets et environnements. Ils sont un discours mutique, dont chaque fragment n’a d’existence que dans le fleuve du contexte de la recherche. Les formes produites sont toujours les « à côtés » d’une expérience. Du fait de leur répétition et de leur caractère symbolique, les corpus d’expérimentation artistique s’apparentent à des rituels. Transformer un espace en « atelier », le nettoyer (cérémonies, 2020), le préparer à accueillir sa posture artistique (QI, 2020) n’est il pas déjà oeuvrer ?

La série 23.03.20 –10.05.20 (2020) est un travail processuel de sculpture. Chacun des éléments, ainsi que leur ensemble, agissent comme un laps de temps. Initialement, l’exercice était de réaliser une sculpture par jour, pour mettre en évidence l’organisation journalière d’un artiste. Restreint par les obligations d’un travail alimentaire en journée, le travail artistique s’effectue sur des aménagements nocturnes. Les briques des anciennes cheminées de l’atelier bruxellois incarnent à la fois la transition de fonction du lieu, suite à sa rénovation, et, le changement de status inhérent à la condition d’artiste. La matière devient donc un acte, de manière semblable aux amulettes qui dissimulent en leur sein les actes prévalant à leurs réalisations

Dû à la crise sanitaire, le confinement m’a permis d’enclencher ce dispositif avec une intention semblable. Le protocole reste identique, mais s’ajoute à la dynamique de recyclage des briques, celui des matériaux. Ceux-ci empruntent aux codes de l’art (toile de peinture, clou, emballage de protection ou de transport…) et aux rites de soin (sel, sauge, lavande, argile blanche…), liant objets de culture et objets dits « primitifs », cérémonies sacrées et rituels artistiques. La chaume, qui est la partie de la tige des céréales qui reste sur pied après la moisson, s’associe au minéral. Les sculptures qui invoquent un pouvoir protecteur se titrent archéologiquement de la date de leur création : un repère temporel au moment de leur fabrication, elles témoignent de ce qui sera dans le futur, une époque. C’est une reconstruction silencieuse à la fois fonctionnelle et virtuelle, puisque chaque jour les images des briques produites ont rempli les murs des réseaux sociaux, comme une barrière symbolique.

Installé au Musée en Plein Air, le paysage de brique opère un double déplacement. Les fragments des murs de la rue du Bronze, spectateurs de la recherche, tapissent ici le sol de marbre. Les extraits de l’espace d’origine sont confinés au sein de l’Université. La sculpture horizontale confond l’architecture qui l’accueille : en supportant toutes les économies qui la constituent elle lui répond en héritière et interroge ses utopies de circulation.

Découvrez toutes les oeuvres de l’exposition (plan ICI)

10e Prix de la Jeune Sculpture de la Fédération Wallonie-Bruxelles

du 19 septembre au 18 octobre 2020


27 artistes ont été sélectionnés et invités à présenter leur travail dans le cadre du 10e Prix de la Jeune Sculpture. Les lauréats dans chaque catégorie seront proclamés le 18 septembre.

Oeuvres en plein air et de grand format : Quartier Agora du Sart Tilman (ULiège)
Pavillon d’accueil du Musée, au rond-point Simone David-Constant (bâtiment B1)


Née en 1987 en France, Aurélie Belair vit et travaille à Bruxelles et en Bourgogne.

www.aureliebelair.com


Le Prix de la Jeune Sculpture de la Fédération Wallonie-Bruxelles est organisé par le Musée en plein air du Sart Tilman (oeuvres de plein air et grand format) et La Châtaigneraie, Centre wallon d’Art contemporain à Flémalle (oeuvres d’intérieur et de petit format).