Marie Sage
expose au Musée en plein air du Sart Tilman (ULiège)
Cemetery
Depuis longtemps, et en particulier lors de voyages, aller au cimetière d’un village ou d’une ville est presque un rituel pour moi. Un lieu calme, à la fois solitaire et collectif, souvent oublié, presque toujours situé en périphérie, qui, au gré des voyages, reflète bien souvent les traditions et les cultes propres aux différentes régions.
Les tombes varient, les noms en disent long sur l’histoire des familles et du lieu en question. Des prénoms ne sont plus de nos jours.
Pelouse, cailloux, sable, terre : des sols avec peu ou beaucoup de fleurs. Des fleurs naturelles ou artificielles. Pétales intacts, usés ou décolorés se trouvent à terre détachés de leurs plantes par le temps, le soleil, le vent et la pluie.
C’est en Belgique et en France que ces fleurs artificielles ont été ramassées. Elles se trouvaient au sol dans les allées des cimetières ; aucune n’a été prise sur les tombes.
Les fleurs artificielles ne se fanent pas, elles vieillissent avec les tombes et nous en disent beaucoup sur le temps qu’elles traversent dans presque l’indifférence de nous tous.
Elles ont comme le devoir d’apporter faussement de la douceur, de la vie et de la couleur à ce qui n’en a plus.
La fleur artificielle est par excellence kitsch.
Initialement prévue comme ornement d’intérieur, et donc figée et préservée par son état impérissable, être confrontée à un environnement extérieur des cimetières annule son immuabilité. Grâce aux météos humides, clémentes ou capricieuses, la fleur artificielle est ramenée à un état plus naturel. Ces fleurs ont pu se transformer comme la vie nous l’impose.
D’août 2017 à août 2020, en les ramassant et en les accumulant, un herbier chromatique s’est construit. Dix couleurs de fleurs et feuilles artificielles ont été répertoriées : blanc, jaune, rose, fuchsia, rouge, violet, bleu, vert foncé, vert veiné de blanc et vert clair. Il est apparu que certaines couleurs sont fréquentes, d’autres moins.
Des fleurs communes ou précieuses, des feuilles familières ou exotiques, toutes à la fois en tissu ou en plastique composent ces couleurs qui surgissent ou se cachent sur les sols des défunts.
Ni sélection, ni nettoyage des fleurs n’a été fait. Toutes sont montrées.
Une série de dix pièces de fleurs et de feuilles artificielles sont disposées à même le sol – sur la pelouse du parc du Campus du Start Tilman.
Chaque couleur a son rectangle d’acier galvanisé d’une superficie de 2m x 0,80 m.
Les éléments d’une même couleur sont rangés par taille, dégradé chromatique et par type de fleurs et de feuilles.
Découvrez toutes les oeuvres de l’exposition (plan ICI)
10e Prix de la Jeune Sculpture de la Fédération Wallonie-Bruxelles
du 19 septembre au 18 octobre 2020
27 artistes ont été sélectionnés et invités à présenter leur travail dans le cadre du 10e Prix de la Jeune Sculpture. Les lauréats dans chaque catégorie seront proclamés le 18 septembre.
Oeuvres en plein air et de grand format : Quartier Agora du Sart Tilman (ULiège)
Pavillon d’accueil du Musée, au rond-point Simone David-Constant (bâtiment B1)
Marie Sage est née en 1983 à Paris, elle est diplômée d’un Master en dessin à ENSAV de La Cambre. Elle vit et travaille à Bruxelles.
Le Prix de la Jeune Sculpture de la Fédération Wallonie-Bruxelles est organisé par le Musée en plein air du Sart Tilman (oeuvres de plein air et grand format) et La Châtaigneraie, Centre wallon d’Art contemporain à Flémalle (oeuvres d’intérieur et de petit format).