Desracines. 36 oliviers pour une oeuvre collective
Au début des années 2000, dans une exploitation catalane, des oliviers centenaires sont déracinés et remplacés par d’autres, plus facilement exploitables. Certains d’entre eux sont rachetés et commercialisés auprès de revendeurs belges en décoration de luxe pour leurs vertus ornementales. Ne trouvant que peu d’amateurs, le « stock » est peu à peu délaissé et entreposé dans un champ de la région verviétoise où la rigueur des hivers belges a tôt fait de l’achever. Dépité, le propriétaire confie les « cadavres » au groupe de réflexion Des racines formé pour l’occasion. Bientôt, les oliviers deviennent le centre de créations diverses, parmi lesquelles des poèmes, des concerts, des photographies, dessins, etc. qui, ensemble, forment une oeuvre collective, construite sur des échanges et des rencontres intergénérationnelles (les arbres sont par exemple exposés durant l’été 2014 sur l’esplanade Saint-Léonard).
En septembre 2015, ils intègrent les collections du Musée en plein air et profitent d’un concert joué pour eux par Orchestra Vivo ! et d’une inauguration conjointe avec le nouveau rond-point Simone David-Constant. Répartis sur un terre-plein près de la route, ils autorisent le chaland à se balader parmi eux, à les toucher et à y scruter les indices d’une nature qui reprend ses droits. Bien plus qu’une oeuvre décorative, ces rescapés dénoncent aussi les dérives du mercantilisme et de l’immigration qui éloigne… des racines.
Stéphanie Reynders