Bronze et travertin
Hauteur 153 cm, Longueur 207 cm , largeur 116 cm
1974-1975
Dépôt de la Fédération Wallonie-Bruxelles
Fasciné, presque obsédé, par le texte La colonie pénitentiaire de Franz Kafka, Joseph Henrion s’attache quatre années durant à concevoir une oeuvre-machine qui exprimerait les faiblesses et les contradictions humaines évoquées par l’auteur tchèque. Minutieusement, tel un horloger, l’artiste-fondeur autodidacte s’applique à tout concevoir de ses mains, à perfectionner la pièce. Celle-ci, montée sur un cadre en travertin monumental, est composée d’une bouche d’égout destinée à recueillir, tel un puits, les péchés de la civilisation sous un mécanisme tout en aiguilles. Outil de torture inspiré du livre éponyme, l’engin était destiné à tatouer sur la peau des coupables agonisants les articles de lois outrepassés.
Poussant le « vice » jusqu’au bout, Joseph Henrion avait relié l’ensemble à une alimentation électrique et prévoyait de l’exposer dans un espace public où il interrogerait sur la justice.
On retrouve dans Colonie pénitentiaire le style particulier de l’artiste – profondément traumatisé par les horreurs des conflits – qui dénonce régulièrement les atrocités de l’homme et la laideur du monde avec des oeuvres angoissantes, souvent macabres, illustrant des corps meurtris ou mutilés.
Stéphanie Reynders