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La colonie pénitentiaire

Bronze et travertin
Hauteur 153 cm, Longueur 207 cm , largeur 116 cm
1974-1975
Dépôt de la Fédération Wallonie-Bruxelles

Fasciné, presque obsédé, par le texte La colonie pénitentiaire de Franz Kafka, Joseph Henrion s’attache quatre années durant à concevoir une oeuvre-machine qui exprimerait les faiblesses et les contradictions humaines évoquées par l’auteur tchèque. Minutieusement, tel un horloger, l’artiste-fondeur autodidacte s’applique à tout concevoir de ses mains, à perfectionner la pièce. Celle-ci, montée sur un cadre en travertin monumental, est composée d’une bouche d’égout destinée à recueillir, tel un puits, les péchés de la civilisation sous un mécanisme tout en aiguilles. Outil de torture inspiré du livre éponyme, l’engin était destiné à tatouer sur la peau des coupables agonisants les articles de lois outrepassés.

Poussant le « vice » jusqu’au bout, Joseph Henrion avait relié l’ensemble à une alimentation électrique et prévoyait de l’exposer dans un espace public où il interrogerait sur la justice.

On retrouve dans Colonie pénitentiaire le style particulier de l’artiste – profondément traumatisé par les horreurs des conflits – qui dénonce régulièrement les atrocités de l’homme et la laideur du monde avec des oeuvres angoissantes, souvent macabres, illustrant des corps meurtris ou mutilés.

Stéphanie Reynders

La colonie pénitentiaire de Joseph Henrion, mise en dépôt au Musée en plein air du Sart Tilman pendant plusieurs années, est retournée dans les collections de la Fédération Wallonie-Bruxelles.

Joseph Henrion

Bruxelles, 1936 – 1983

Très jeune, Joseph Henrion est attiré par l’art. A Watermael, le dimanche, il reçoit des rudiments de peinture de Fernand Wéry. Plus tard, il fréquente l’académie du soir de Boitsfort, où il est l’élève de Roger Somville et où il enseigne à son tour la peinture et le dessin de 1956 à 1972. Joseph Henrion se met à la sculpture. Entièrement autodidacte, il fréquente l’atelier de sculpture de La Cambre, pour y glaner les informations qui lui manquent, mais n’y suit aucun enseignement. Son atelier est son jardin, sa maison. En 1972, il y installe sa propre fonderie. Plusieurs voyages en Italie lui permettent d’approfondir des questions techniques de fonte. Un séjour en Afrique lui confirme sa passion pour les arts primitifs. Les drames humains dont il est spectateur impuissant (les scènes d’horreur de la guerre du Vietnam, les enfants autistes,…) le conduisent à façonner, dans l’angoisse, des formes humaines déchiquetées, mutilées. La transposition dans le métal de sa vision des atrocités de ce monde lui permet de transcender une réalité trop difficile à supporter.

En 1996, la Fondation belge pour l’art contemporain lui consacre une exposition rétrospective.