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Nous allons Observer une Minute de Silence

Néon blanc, Diam. 1cm

60 x 600 cm

Avec Nous allons observer une minute de silence, le Musée en plein air du Sart Tilman accueille dans sa collection une œuvre forte et discrète, caractéristique des variations sur la litote qui fonde le travail de ses auteurs depuis de nombreuses années. Dans l’espace monacal du hall de l’Institut de Chimie au Sart Tilman, l’œuvre de Brognon-Rollin consiste en un néon lumineux, quelques traits de lumière qui forment ce que le visiteur va reconnaître de prime abord comme une écriture, quasiment une « exscription », à l’image et à l’inverse des inscriptions gravées dans l’argile ou le marbre que les Hommes utilisent depuis les débuts de leur histoire pour commémorer les événements ou invoquer leurs dieux.

Les artistes inscrivent leur œuvre dans les interstices de l’histoire. Voici ce qu’en dit Stéphanie Rollin :  « Imaginé au lendemain des attentats du 13 novembre à Paris, le néon Nous Allons Observer Une Minute de Silence résonne amèrement. L’état d’urgence dans lequel nous vivons depuis quelques années a fait de cette phrase une sorte de nouvelle prière laïque que nous avons voulu coder et insérer dans le présent, comme un rappel presque chuchoté. Une minute de recueillement transcrite avec le Pitman Shorthand, cette écriture sténo crée par Isaac Pitman en 1837 pour transmettre rapidement un message. Traduite en langue anglaise par Tracy Jennings, cette phrase que nous voulons partager, nous l’avons vécue d’abord à Paris, David et moi, à la terrasse d’un café rue du Faubourg St Denis à 12h00 le 16 novembre 2015. Pendant que la ville s’agitait autour de nous, la serveuse s’approche doucement et nous dit “Nous allons observer une minute de silence.”. Une minute fugace et solennelle dont la permanence est aujourd’hui insoutenable. »

Le Pitman Shorthand est un système d’écriture basé sur la transcription phonétique ; il est resté très populaire en Angleterre et aux Etats-Unis jusqu’en 1996. Il ne nécessitait pas de matériel spécifique (machine), car écrit à la main avec une élégance presque calligraphique.

C’est donc bel et bien un monument commémoratif que le Sart Tilman abrite désormais dans la collection du Musée en plein air. La quasi absence d’histoire des bois du Sart Tilman (si ce n’est celle qu’y écrit l’Université de Liège depuis 1967) a fréquemment interpellé les artistes invités à intervenir sur le campus. La collection du Musée en plein air conserve plus que quelques évocations du passé et de ses monuments : les figures chamaniques du Groupe 1981 d’Eugène Dodeigne, l’architecture cyclopéenne du Mur de Pierre Culot, le Labyrinthe roman de Léon Wuidar, etc.

Avec le néon de Brognon-Rollin, c’est l’histoire contemporaine qui interpelle un public majoritairement jeune et estudiantin : un rappel de la réalité que le monde vit aujourd’hui, celui de la brutalité et du terrorisme aveugle.

Fidèles à la discrétion subtile de leurs mises en cause, Brognon-Rollin ont choisi comme souvent de se glisser dans les interstices, loin des clameurs,  et dans le silence (ce moment pénible des conversations pour ceux qui jacassent) ; loin des calicots, une ligne d’écriture calligraphique codée ; loin des appartenances identitaires et des langues vernaculaires, un langage universel ; loin et pourtant proche d’une tradition très occidentale de l’expression plastique, où beaucoup de discours tournent autour de la question de la figuration ou de sa négation, de l’expression ou du formalisme, le néon de Brognon-Rollin au Sart Tilman nous rappelle avec force et brio l’irréductibilité du réel.


Avec le soutien de la Province de Liège / Culture

Brognon-Rollin

Stéphanie Rollin (Luxembourg, 1980) et David Brognon (Messancy, 1978)

Depuis près de 20 ans, le duo Brognon-Rollin est l’auteur d’une oeuvre atypique, qui se déjoue des systèmes et s’introduit dans les interstices de la vie et du réel, une forme de maïeutique sur les interrogations que suscitent le quotidien et l’histoire.