Béton, 1967
L’œuvre de Georges Collignon intégrée à l’architecture du bâtiment de l’Institut de Géographie participe à la genèse même du Musée en plein air du Sart Tilman. Dès le début des années 1960, une collaboration s’instaure entre architectes et plasticiens ; à partir de 1965, Claude Strebelle, l’architecte coordonnateur du site, favorise activement ce partenariat.
Le bâtiment de l’Institut de Géographie est construit en 1967, sur les plans de l’architecte Jules Mozin, du groupe EGAU. L’œuvre de Collignon s’inscrit dans la structure même de l’édifice. Sur un seul niveau, l’Institut de Géographie forme un volume dont l’horizontalité est rythmée par les murs porteurs : un agencement de parois vitrées et de murs en béton, creusés de stries verticales. L’arête des rainures est brisée, laissant voir la structure de l’agglomérat de mortier et de graviers, comme une évocation des coups de ciseau du sculpteur dans la pierre.
Dans l’espace intérieur du hall, Collignon ponctue les murs porteurs de reliefs en aplats lisses. Une composition abstraite se développe sur la succession de cloisons intérieures, courbes et droites. Les formes sont de prime abord abstraites, puis le regard se laisse porter par l’enchaînement des surfaces, et les parois de béton deviennent le lieu d’un rêve de Géographe : traces de vie organique fossilisée dans des strates géologiques minérales, plans en relief de cités depuis longtemps disparues ou en gestation, cartographie dont le langage symbolique serait devenu à tout jamais indéchiffrable…
Jean Housen