Ampoules de verre coloré sur plexiglas collé sur un contreplaqué peint
Hauteur 130 cm, Longueur 192 cm, largeur 27 cm
1976
Dépôt de la Fédération Wallonie-Bruxelles
L’utilisation de flacons de verre industriels dans une oeuvre d’art peut, au premier abord, sembler particulièrement incongrue. Cependant, le XXe siècle nous a habitué à ces libertés, lieux de rupture avec la tradition et d’adhésion à un champ artistique où l’originalité devient valeur. Selon l’expression même de Helleweegen, “pour un artiste, il existe bien des possibilités de se singulariser parce qu’il existe des milliers d’objets qui ne demandent qu’à être exploités …”
La valorisation, dans l’oeuvre d’art, d’objets quotidiens ou industriels, rappelle la démarche des “pop artists”, entre glorification et rejet, ou celle, plus critique, des “nouveaux réalistes” (Arman, Christo …), pour lesquels cette technique permet au réel de faire irruption – et initialement, scandale – dans le domaine de l’art. Le geste le plus proche qu’en fit Helleweegen fut sans doute, en 1970, le rachat de cinq tonnes de flacons à une usine en faillite.
Pour le reste, ces flacons sont détournés par l’artiste au bénéfice d’un projet purement esthétique qui le rattache aux grandes interrogations picturales des siècles antérieurs, et en particulier celles de la captation et du rendu de la lumière. Dans cette recherche, et après s’être mesuré aux difficultés techniques de l’assemblage, Helleweegen connaîtra plusieurs étapes, rythmées par le type ou le mode de disposition des flacons, l’utilisation de la couleur ou d’un relief plus ou moins prononcé. Dans le cas présent, Helleweegen place sur son fond de contreplaqué un relief de plexiglas sur lequel il fixe les flacons de verre. A certains endroits, c’est donc sur plusieurs structures superposées que joue la lumière, stimulée par un fond coloré.
Yves Randaxhe