Bronze
Hauteur 58 cm, Longueur 104 cm, largeur 50 cm
1960
Dépôt de la Fédération Wallonie-Bruxelles
Comme beaucoup de sculptures de Grard, La Caille existe en plusieurs versions différant non seulement par la dimension mais surtout par la finition et la ciselure, que le sculpteur tenait à exécuter de sa main, même pour les pièces monumentales. L'”épiderme” de ses oeuvres participe en effet de leur intense sensualité. Bien que longuemet mûries, elles paraissent au contraire refléter l’approche la plus naturelle et la plus directe de la vie, ce qui explique sans doute à la fois leur succès et le scandale qu’elles ont parfois suscité. Tout l’oeuvre de Grard se décline en effet en une longue série de minutieuses variations à la gloire du nu féminin.
Paul Haesaerts, dans son célèbre ouvrage Retour à l’humain (…), paru en 1942, assimila les seuls sculpteurs Grard et Leplae au mouvement qu’il baptisa “animisme”. Si les sculptures du premier semblent en effet habitées par cette “force omniprésente de concentratIon et d’émerveillement qui loge dans l’artiste et ce qui l’entoure” – l’âme, selon l’auteur, c’est surtout à travers le corps qu’elle s’exprime ici. Les modèles de Grard eurent d’ailleurs un rôle majeur dans son oeuvre.
La Caille traduit avec une rare force l’image de notre enracinement terrestre, chorégraphie païenne à laquelle le temps n’a rien ôté de son acuité poétique. Son plâtre, dit-on, encombra longuement l’atelier de l’artiste “comme un dolmen” … Conçue en moins de 40 cm, elle recelait déjà, comme chaque oeuvre de Grard, toute la monumentalité qui s’exprime ici autant que dans une version de trois mètres de long achetée en 1975 par la Ville de Courtrai.
Yves Randaxhe