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La feuille, l’aile, la paupière

  • La feuille, l’aile, la paupière

  • Nic Joosen

  • 2001

Acier corten
2001

La possibilité de laisser collaborer les artistes avec les auteurs de projet des nouvelles constructions du domaine constitue un élément fort de la politique du Musée en Plein Air. Nic Joosen et l’architecte Daniel Dethier ont travaillé ensemble sur une oeuvre aux abords des Amphithéâtres de l’Europe. Et, le résultat est probant … à la hauteur même de la qualité du bâtiment et à la difficulté d’y intégrer une pièce.

L’architecture de Daniel Dethier y est subtile et fort individualisée ; le bâtiment possède un rythme sensible, une forme très présente, devenue comme un signal dans le paysage du domaine universitaire. Il y avait donc la double difficulté du rapport formel et du rythme à calculer avant de prétendre s’intégrer au bâtiment. Cette gageure, Nic Joosen l’a relevée. Elle a travaillé un ensemble de quatre feuilles, ailes, paupières réparties autour de l’édifice ; et, si sa recherche a abouti, c’est qu’elle a su accorder de l’importance non seulement à l’élaboration de chacune des quatre sculptures mais aussi à l’analyse de l’espace où elles prennent place. Il y a des accords de proportion et de rythme avec les formes du bâtiment. C’est un véritable dialogue où la sculpture est, sans s’y soumettre, entrée en rapport avec l’architecture : on le sent bien dans la subtilité des rimes plastiques qu’elle laisse naître avec les lignes courbes des toitures qu’elle accompagne sans les suivre servilement.

Il ne s’agit pas pour autant d’une œuvre de circonstance. Les sculptures du Sart-Tilman s’intègrent tout à fait aux recherches de l’artiste. Depuis le milieu des années 80, Nic Joosen a développé, en phase avec son travail sur la ligne, tout un répertoire de formes plus organiques souvent évocatrices de l’aile, de la feuille et de la paupière. On retrouve bien sûr ici son matériau de prédilection : l’acier corten dont l’oxydation offre non seulement une garantie de pérennité mais aussi une condition d’intégration à la nature par le jeu des couleurs complémentaires.

Pierre Henrion

Nic Joosen

Liège, 20 mars 1933 – 25 novembre 2007

Fille d’un directeur de théâtre, Nic Joosen manifeste dès l’enfance des dispositions artistiques, qu’elle développera par le travail dans un atelier de réalisation de maquettes de théâtre et lors de ses études à l’Académie des Beaux-Arts de Liège. En outre, passionnée à la fois d’histoire de l’art et de  technique audiovisuelle, elle réalise des documents sur des peintres flamands (Bosch, Breughel), sur Van Gogh  et sur la peinture liégeoise du XVIIe siècle  Depuis 1980, elle se consacre exclusivement à la sculpture et expose régulièrement. Son matériau de prédilection est l’acier Corten.

En 1986, une exposition rétrospective lui est consacrée par le Musée d’art moderne  de Liège (MAMAC). Par la suite, l’artiste développe sa conception du monumental dans plusieurs projets destinés à être implantés en région liégeoise.  En 1996, une exposition personnelle à Marseille, au parc Borély, lui confère une notoriété internationale.

En 1997, en collaboration avec l’architecte Daniel Dethier, elle conçoit La feuille, l’aile, la paupière, une installation aux abords des amphithéâtres de l’Europe, dans le domaine universitaire du Sart Tilman.