Bronze,
h. 195, L. 135, l. 120 cm ,
1912
Si l’on se réfère à sa date de création, La vierge folle constitue le point initial de la collection du Musée en plein air du Sart Tilman. Elle est bien faite pour introduire, sur le mode jubilatoire, à un ensemble de sculptures du XXe siècle. A certains égards, et même s’il est mieux connu comme peintre, Wouters est en effet comparable à Rodin de L’homme qui marche ou de la statue de Balzac. La matière est laissée vibrante, vivante ; l’oeuvre se lance à la conquête du mouvement, défiant la pesanteur et pénétrant d’un même mouvement les trois dimensions de l’espace et le temps.
Inspiré d’un mouvement d’Isadora Duncan, que Nele pourtant malade, s’efforça de reproduire jusqu’à l’épuisement avant que Wouters lui-même s’attachât pendant cinq années à le traduire dans la matière, La vierge folle est donc d’abord apologie de la danse. Mais elle est aussi la meilleure et la plus triomphante allégorie de la sculpture. A ce titre, elle ne se fond pas dans l’ensemble sculptural du Sart Tilman : elle éclaire notre perception des autres oeuvres dans le domaine.
Elle fut offerte à l’Université de Liège par le docteur Désiré Jaumain, issu de sa faculté de médecine, qui inaugurait de la sorte une série de gestes de mécénat dont le musée put heureusement profiter à plusieurs reprises.
Yves Randaxhe