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Liaison 1

Pierre de Vinalmont (calcaire) et bronze
Diamètre : 16 m
1982

Chargé d’exécuter la première des six “liaisons” de la place du Rectorat, à savoir celle qui signale la Faculté de Droit, Félix Roulin imagine un amphithéâtre circulaire, délimité par quatorze colonnes brisées, et dont les cinq gradins paraissent basculer vers l’entrée de l’immeuble. Au centre est posé un pied fissuré, comme à la suite d’un séisme, et accompagné d’un fragment d’objet, “qui est soit le fléau d’une balance, soit le bout d’une épée”. Les crevasses du pied recèlent un enchevêtrement de corps humains, coulés dans le bronze. Le reste du monument est taillé dans un calcaire blanc, dit “pierre de Vinalmont”.

Sachant que c’est en sortant du bâtiment que l’on bénéficie du meilleur angle de vue sur ce dispositif, force est de conclure que ce sont d’abord les utilisateurs du lieu, professeurs et étudiants, que l’artiste entend mettre au pied du mur, ainsi que le confirme d’ailleurs la citation mise en exergue ci-dessus.

Mais loin de ne s’adresser qu’au juriste à pied d’œuvre, c’est chacun de nous que les fragments de colonnes, le pied démembré et lézardé et les corps piétinés interrogent, sur la fragilité et la relativité de codes et de systèmes de valeur jadis ou naguère érigés en absolus. Croire en la pérennité de ceux-ci, n’est-ce pas s’asservir à des idoles avides de sacrifices, veaux d’or promis à la ruine, colosses au pied d’argile ?

Critique sans cesse à reprendre, ainsi que le suggère Félix Roulin, lorsque, éclairant la signification des gradins concentriques et du cercle de colonnes qui rayonnent autour du membre brisé, il identifie sa création, directement inspirée de statues égyptiennes, à une “espèce de trace de civilisation qui n’est pas nécessairement passée mais qui pourrait être future, un petit peu comme dans certaines théories sur le temps circulaire où on trouve des choses réelles qui ne sont pas encore arrivées”.

Jean-Patrick Duchesne

Félix Roulin

Dinant, 1931

Élève, puis professeur à l’École d’Art de Maredsous, Félix Roulin a pris en charge, respectivement depuis 1962 et 1984, les cours d’art de mise en œuvre du métal, puis de sculpture monumentale à l’École nationale supérieure des Arts visuels de La Cambre, à Bruxelles.

Étapes importantes d’un parcours jalonné par de nombreuses œuvres d’art public, (pour les bâtiments du plan incliné de Ronquières, la R.T.B.F., la station Thieffry du métro bruxellois, le Centre de Télécommunications spatiales de Lessive, sans oublier la Maison-sculpture d’Angleur, la Porte-sculpture du Grand-Hornu et Ombres d’acier, mémoire des arbres, pour les entreprises Battard à Pommeroeul), Liaison 1 et le Mur-sculpture du Centre Beaunord, à Paris occupent une place à part dans la production de Roulin, qui choisit, pour elles, de rompre avec vingt ans de travail exclusif du métal, au profit de l’association de la pierre et du bronze.