Hartford (Connecticut), 9 septembre 1928 – New York, 8 avril 2007
Dérivant du Minimal Art, les œuvres de Sol LeWitt relèvent aussi de la tendance conceptuelle. D’une part, en effet, leur objet n’est pas de créer une forme, mais de faire subir à celle-ci un nombre fini de combinaisons et de transformations, dans un ordre qui résulte d’une décision arbitraire.
D’autre part, le projet est en général dissocié de l’exécution, comme l’illustrent non seulement les lambris du Centre Hospitalier Universitaire de Liège, un projet mené par Sol LeWitt en collaboration avec l’architecte Charles Vandenhove, mais surtout les Wall Drawings (dessins muraux), dont l’idée, définie par l’artiste au moyen de dessins et de textes, est réalisée par des assistants : le Musée de la Boverie à Liège en conserve un remarquable exemple.
Formé à l’université de Syracuse (New York) à la fin des années 1940, Sol LeWitt découvre les grands maîtres de la peinture lors d’un voyage en Europe. Il s’installe à New York en 1953 (après plusieurs années de service dans l’armée américaine durant la guerre de Corée) ; il travaille comme graphiste pour la presse, ainsi que, pendant un an, pour le cabinet de l’architecte Ieoh Ming Pei. Au début des années 1960, il travaille comme réceptionniste de nuit au Museum of Modern Art à New York.
Le travail de Sol LeWitt atteint une notoriété internationale dès la fin des années 1960. Élaborée dans la mouvance du courant minimaliste (lié à la volonté de créer un art non subjectif, dénué de symbolique et d’émotion, en réduisant au strict minimum toute trace de facture picturale ou d’intervention de la main du peintre), l’œuvre de Sol LeWitt s’inscrit également dans le mouvement de l’art conceptuel : les réalisations artistiques se définissent par l’idée qui les sous-tend plus que par leur matérialité ou leurs qualités esthétiques ou sensitives. Dans l’art conceptuel, le savoir-faire de l’artiste et le principe d’œuvre « achevée » sont évacués au profit de l’idée : « La pittura e cosa mentale » (Leonardo da Vinci, Trattato della pittura, 1651).
La célébrité de Sol LeWitt s’est établie sur deux séries de réalisations.
Les plus connues relèvent de la sculpture, même si l’artiste préférait le terme de « structures » : à partir d’un élément géométrique basique, tel le cube, LeWitt élabore des combinaisons et des réseaux de volumes, comme l’explique le catalogue de son exposition new-yorkaise de 1968 : « La forme, elle-même, a une importance très réduite : elle devient la grammaire de l’œuvre dans son entité. En fait, le mieux est que l’unité de base soit parfaitement inintéressante, de la sorte elle deviendra plus facilement partie intrinsèque de l’œuvre entière. Choisir des formes de base complexes ne peut que nuire à l’unité de l’ensemble. Recourir à la répétition d’une forme simple, c’est réduire le champ d’intervention et mettre l’accent sur la disposition de la forme. L’arrangement devient la fin et la forme devient le moyen. »
Les réalisations graphiques sont le deuxième volet de l’œuvre de l’artiste new-yorkais. Le premier Wall drawing est créé en 1968 à la Paula Cooper Gallery de New York : « Je désirais créer une œuvre d’art qui soit aussi bidimensionnelle que possible : il paraît plus naturel de travailler à même le mur plutôt que de prendre un accessoire, de le travailler, puis de l’accrocher au mur »[1].
[1] “Paragraphs on Conceptual Art”, Artforum vol. 5 no 10 juin 1967; traduction Solange Schnall.