Petit granit
hauteur : 5 m
1984
Dépôt de la Fédération Wallonie-Bruxelles
Constituée de blocs massifs de petit granit, Lieu est la sculpture la plus monumentale du Musée en plein air. Serge Vandercam l’a subtilement dissimulée dans la végétation où elle surprend le visiteur et l’invite à goûter la poésie naturelle du site.
Plusieurs éléments forment le Lieu. Au premier plan, Vandercam a dressé un monumental portique entouré de quatre bancs. Derrière ont été disposées deux structures mégalithiques. La première sortant de quelques dizaines de centimètres du sol supporte une pierre triangulaire. La seconde plus haute est percée d’un trou qui laisse passer la lumière, élément par ailleurs évoqué dans la sentence du poète Joseph Noiret discrètement gravée sur le montant gauche du portique : “Le désir crée sa nuit, c’est la lumière”. Lieu appelle le passant au répit. C’est un sanctuaire à la méditation, un arrêt pour la pensée, où le corps peut se reposer et l’esprit confier au poète les premiers pas du cheminement intellectuel.
Serge Vandercam a laissé s’exprimer la pierre. La sculpture est rude. Sa surface porte encore les traces d’inclusions fossiles et des outils qui ont extrait son matériau. La brutalité contribue à conférer à la sculpture la noblesse des oeuvres du passé, qui pourrait ici être lointain comme le laisse penser la structure de l’oeuvre évocatrice du dolmen préhistorique. Créer le simulacre du passé est un des éléments fédérateurs de la collection du musée, et bien sûr sans qu’aucune directive ou concertation n’ait déterminé le choix. On peut y rattacher Le mur de pierre d’âge viséen de Pierre Culot, le Groupe 1981 d’Eugène Dodeigne, la Liaison I de Félix Roulin ou encore Nord-Sud-Est-Ouest de Catherine Van Pottelsberghe. Sortie de terre en quelques années, la “cité” Sart Tilman peut y trouver le supplément d’âme qui fait défaut aux villes exemptes d’histoire en même temps qu’elle donne à ses “habitants” toutes les raisons de lui accorder la confiance que l’on ne place que dans les constructions qui ont défié le temps.
Pierre Henrion